Fiche enviro : Le Numérique Responsable

De Wiki VA

­Fiche enviro Communication et Numérique

Lorsque l’on pense numérisation, on pense virtuel et on pourrait en intuiter la disparition d’impacts environnementaux, par l’exploitation de ressources et d’énergie. Ce n’est malheureusement pas le cas, les émissions de gaz à effet de serre du numérique représentaient 4% des émissions mondiales en 2018. Le besoin en ressources est délocalisé mais bien présent, avec des matières rares et dures à extraire.

Les impacts humains du numérique sont énormes. L’extraction des minerais nécessaires à la construction du matériel se fait au prix de vies humaines. Leur fin de vie se fait pour la grande majorité des cas dans des décharges sauvages en Afrique ou en Asie, sans aucune mesure sanitaire ou environnementale.

Les analyses sur les impacts du numérique sont complexes et récentes. Ainsi, cette fiche ne tranche pas catégoriquement sur certaines solutions mais vous donne déjà des outils et méthodes pour être plus sobre (2).

En tant qu’association, vous êtes également tenu.es de respecter le Réglement Général sur la Protection des Données européen.

Gestion du matériel informatique

La gestion de votre matériel informatique est l'enjeu le plus important dans votre empreinte environnementale numérique. La fabrication des terminaux numériques représente 78% de l’impact environnemental du numérique (3). Maximiser la durée de vie de vos appareils est de loin votre levier d'action le plus important et efficace.

À l’échelle de l’INSA, les émissions liées au parc informatique et numérique représentaient 250 tonnes de CO2e en 2019 soit 2,5% de son bilan carbone.

Un ordinateur de 2kg nécessite 800kg de ressources. Beaucoup de minerais essentiels comme le cobalt sont extraits dans des conditions inhumaines.4

La fin de vie des déchets équipements électriques et électroniques (DEEE) est également problématique. 80% des DEEE parisiens sont exportés pour finir dans des décharges à ciel ouvert en Afrique ou en Asie.5 Cela se fait en récupérant des DEE dans la rue, mais aussi par des vols de déchetterie, centres de tri etc.

Les solutions :

  • bien entretenir : nettoyer les poussières, éventuellement réinitialiser après avoir fait une sauvegarde, éviter les températures extrêmes (mettre sur une surface solide pour aider la ventilation), ne faire que les mises à jour de sécurité pour éviter l'obsolescence des logiciels, changer de système d'exploitation pour Linux (moins gourmane en ressources et sujet à moins d'obsolescence)
  • réparer : Repair Soirées du Club Elek, l’Atelier Soudé à Villeurbanne, juste à côté du campus, magasins de réparation
  • Depuis 2023, l’INSA donne son matériel informatique dont il n’a plus l’usage. Toutes les associations insaliennes peuvent bénéficier de cette procédure. La Cellule DDRS organise deux fois par an des campagnes afin de recenser le besoin des assos, et transmet la demande à la DSI qui se charge d'allouer le matériel en fonction de la disponibilité du matériel et du besoin des assos. Pour plus d’informations, contactez la Cellule DDRS à ddrs@insa-lyon.fr
  • Vous pouvez également acheter d’occasion sur SMAAART, Solidatech, Backmarket, ou partager un ordi avec une autre asso
  • Concernant la fin de vie du matériel, le Clubelek récupère pas mal de matériel d’occasion, vous pouvez leur proposer à clubelek@insa-lyon.fr. Vous pouvez également proposer votre matériel à Linux & Populus à Villeurbanne ou bien à Emmaüs. S’il s’agit d’un téléphone, vous pouvez l’envoyer à Fairphone pour être recyclé. Enfin, deux collectes des DEEE sont organisées par l’INSA chaque année : pour plus d’infos : tri-dechets@insa-lyon.fr

Impact de vos données numériques

Bien que nos données aient un impact bien moindre, elles contribuent à une tendance. de forte croissance : augmenter le nombre de canaux, de mails, …, nécessitera plus de services encouragera les fournisseurs de services à augmenter leurs infrastructures. Donc l'idée générale est de réduire la « surface ».

Les mails

C’est au moment de l’envoi d’un mail que l'on peut faire les choix qui auront le plus conséquences sur son impact environnemental. Pour optimiser vos choix, vous pouvez :

- limiter le nombre de destinataires

- limiter les contenus, surtout les pièces jointes et en particulier les images et videos. Une clé usb fait souvent l’affaire !

- privilégiez les liens de téléchargement éphémères (type Filesender), cela permet de s’assurer que le document est stocké en ligne à un seul endroit et pour une durée limitée. Sinon, le document sera stocké en ligne pour chacun des destinataires jusqu’à ce qu’iel supprime le mail.

- nettoyez votre boîte mail afin d’éviter un stockage inutile et coûteux en énergie. Il existe des logiciels de nettoyage de boîte mail comme Cleanfox, cependant vous pouvez très bien le faire manuellement. Le plus efficace est de trier vos mails par taille (directement sur zimbra, ou bien en tapant “size:1m” dans la recherche de gmail pour afficher les mails > à 1 Mo).

Les drives et serveurs

Le principe reste le même que pour le stockage des mails

- éviter de stocker inutilement, limiter aux documents importants qui doivent être accédés souvent (autrement mettre sur un disque dur d’association)

- désigner au moins une personne responsable dans l’association de l’organisation, du nettoyage et des règles d’utilisation du Drive.

- limiter votre nombre de drives et serveurs permet aussi d’avoir un meilleur contrôle de l’information, d’éviter les doublons et les oublis et de communiquer plus facilement.

- privilégier le .pdf ou le compressé (.zip)

- évitez de transmettre des documents sur les serveurs (discord, slack etc…), renvoyez plutôt vers un lien drive si le document est voué à être archivé. Concernant la sauvegarde d’images et de photos sur vos drives et/ou serveurs, vous pouvez vous poser les deux questions suivantes :

  • Dois-je garder l'image ? (à l'heure du numérique, on a parfois un raffale de 30 photos qu'on garde "au cas où", alors qu'il suffit de choisir celle que l'on garde)
  • Quelle taille ? Aujourd'hui les appareils photos prennent des photos démentielles en nombre de pixels, ce qui génère un poids très important. Redimensionner une photo sans réduire son taux de compression peut déjà beaucoup réduire son impact.

Les autres canaux et logiciels

Les conversations instantanées (WhatsApp, Messenger…) ne devraient pas être utilisées comme canaux d’envoi de documents qui sont inutilement stockés longtemps (même s’il est parfois possible de les supprimer). Privilégiez l’envoi de liens vers des Drives si le document est archivé. Pour la protection des données, des alternatives à Messenger comme Signal et Telegram existent.

Vous pouvez utiliser des logiciels libres qui stockent de manière éphémère l’information et ne se servent pas de vos données à des fins commerciales. Ces logiciels sont souvent construits pour durer.

Il y a notamment la liste des services frama (pour les documents écrits, sondages, drives…), vous pouvez trouver d’autres logiciels libres et informations sur leur site ainsi que sur ce site. Les PC de la BMC proposent également plusieurs outils libres, que vous pouvez retrouver. Afin de vous former sur ce sujet, un cours sur la gestion de l’information est disponible sur Moodle, et évoque notamment la question des logiciels libres.

Les systèmes d'exploitation libres GNU/Linux sont très intéressants pour faire durer les appareils plus longtemps. Des Install Parties Linux sont régulièrement organisées par des associations VA.

Les recherches Internet

Vous pouvez vous tourner vers des moteurs de recherche comme Ecosia ou Lilo. C'est le moteur de recherche qui va évaluer les sites qu'il vous propose et dans quel ordre lors de votre recherche.

Pour la protection des données, vous pouvez également utiliser des navigateurs comme Brave, Firefox Focus, Opera etc. Le navigateur va vous donner accès à Internet en se connectant aux autres serveurs.

Gestion de l’utilisation du réseau

Une connexion filaire est préférable à une connexion wi-fi, qui est préférable à une connexion 3G/4G/5G.

Respect du RGPD

Vous êtes tenu.es de respecter le RGPD.

Au moment de la collecte des données, vous devez :  

- être clair.es auprès de vos adhérent.es de ce que vous allez faire de leurs données personnelles : où seront-elles stockées ? combien de temps ? qui y aura accès ? quel est l’objectif ?

- être clair.e sur leur obligation ou non de fournir ces données

- les informer sur leur droit à tout moment d’accéder à leurs données, de les modifier et de les supprimer (à vous de le garantir, pensez à centraliser les données)

- garantir la sécurité des données que vous collectez

Si vous êtes piraté.es ou que quelqu’un a accès aux données alors qu’iel ne devrait pas, vous devez :

  • Prévenir la CNIL sous les 72h
  • Prévenir toutes les personnes dont les données ont fuité

Estimer son impact

En ce qui concerne la communication, vous pouvez faire une rétrospection des types de supports de communication utilisés (affiches, mails, posts sur les réseaux...) par sujet et cibles visés (événement régulier, campagne …) ainsi que la “quantité” utilisée pour chacun de ses supports (temps de vidéo, nombre de posts, de mails…). Cela vous permettra par la suite d’évaluer l’évolution de vos méthodes de communication et de la rendre pertinente avec vos objectifs et votre volonté de réduire votre impact.

D’une manière plus globale, on énumère trois sources d’impact environnemental du numérique6 :

  • Les terminaux utilisateur.ices (fabrication et usage) : téléviseurs, ordinateurs, smartphones, tablettes (entre 65 et 90% de l’impact). Il est donc nécessaire, lorsque vous estimer votre impact, de commencer par recenser le matériel et les outils numériques dont vous disposez.
  • Les centres de données (data center) (entre 4 et 22%). Pour estimer ce que cela représente, vous devez lister vos différents lieux de stockage en ligne : drives, serveurs, réseaux sociaux, boite mail de l’asso, conversations… Pour ce qui est des drives et boites mails, l’information stockée est directement donnée en octet (voir en haut à droite pour zimbra). Pour les réseaux sociaux, vous pouvez compter le nombre de supports visuels entreposés indéfiniment sur vos pages (avant de rapidement décider de faire du nettoyage). Et pour les serveurs (discord, slack…) et conversations instantanées, vous pouvez vérifier s’il y a des documents stockés aussi dessus, indéfiniment aussi certainement...
  • Les réseaux : wifi, filaire, 4G,... (entre 2 et 14%) : faites le point sur les réseaux que vous utilisez au sein de votre asso

Plusieurs organisations mettent à dispositions des outils vous permettant d’estimer votre impact. L’Institut du Numérique Responsable (INR) met à disposition une calculatrice de l’impact du numérique se basant sur la base carbone de l'Ademe. Elle offre également un service de diagnostic environnemental pour les événements qui vous permettra d’identifier directement les points forts et les points faibles de votre stratégie en éco-communication. Enfin, pour aller plus loin dans la démarche et s’assurer de couvrir tous les aspects de votre empreinte, vous pouvez utiliser Carbonalyser. Celui-ci fait une estimation de l'impact généré par notre surf en ligne, intégrant ce qu'il se passe hors de notre ordinateur (7).

Les choix des supports de communication

Lors du choix des supports de communication, le but principal est d’atteindre le public cible afin de remplir les objectifs du projet. Se confrontent alors le besoin de visibilité et la sobriété (dans le respect des règles cf le wiki), afin d’atteindre vos objectifs tout en économisant du temps, de l’argent et de limiter votre impact environnemental.

Les affiches :

  • Les + :

- visibles plusieurs semaines

- vaste public

  • Les - :

- coûts en temps et argent

→ réfléchir aux endroits les plus pertinents, limiter ainsi le nombre d’affiches

→ imprimer sur du papier recyclé, éviter le papier glacé, réduire au minimum la couleur et le format

Les flyers :

  • Les + :

- libre (peut être utilisé plusieurs fois si sur stand)

  • Les - :

- destiné à être jeté ou perdu

- souvent 1 tract = 1 personne

- coûts en temps et argent

→ comme pour les affiches

→ à limiter sauf si réutilisation tout au long de l’année

Un article de loi interdit déjà leur utilisation sur les véhicules.

Les banderoles :

  • Les + :

- grande visibilité

- bien pour partenaires

- solide

- réutilisable

  • Les - :

- coût financier important

- matériel parfois peu écologique

privilégier une banderole qui peut être réutilisée, avec des éléments amovibles

→ privilégier une fabrication avec des matériaux de récup (bâtons, drap, peinture etc. peut rendre vraiment bien !)

Les stands :

  • Les + :

- interaction directe

- efficace

- très respectueux de l’environnement

  • Les - :

- très coûteux en temps et logistique

Les mails :

  • Les + :

- public ciblé

  • Les - :

- impact environnemental (moindre qu’une distribution de flyers en quantité équivalente)

→ voir la partie sur les emails

→ éviter les pièces jointes, les logos etc., utiliser FileSender (c’est super facile promis)

→ mettre à jour les mailing lists

Les posts sur les réseaux sociaux :

Les + :

- public visé

- l’information peut être retrouvée facilement

- adapté à l’actualité

- peu d’efforts

Les - :

- impact environnemental (information stockée à un seul endroit mais envoyée à chaque utilisateur.ice)

→ utilisez des formats légers, évitez les vidéos, réduire la qualité

→ nettoyer vos réseaux sociaux des informations obsolètes

Les écrans des restaurants et du BDE (voir comment faire sur le wiki) :

Les + :

- public vaste

- adapté à l’actualité

- peu d’efforts

- impact environnemental moindre que les réseaux sociaux : information envoyée une fois

- stockage temporaire

Les - :

- temporaire

- écrans réservés à cela

Pour aller plus loin

N’hésitez pas à vous inspirer des retours d’expériences des autres assos présents sur le wiki ou dans les documents du drive, mais aussi à partager vos bonnes pratiques.

Sources

1 https://communication-responsable.ademe.fr/digital-eco-responsable/tic-et-impacts-environnementaux/tic-comprendre-les-impacts-environnementaux

2 https://theshiftproject.org/article/deployer-la-sobriete-numerique-rapport-shift/

3 https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/note-synthese-au-gouvernement-prospective-2030-2050_mars2023.pdf

4 https://www.youtube.com/watch?v=2Y7W0Bs162o

5 https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/la-decharge-de-dechets-electroniques-dagbogbloshie-veritable-defi-economique-et-environnemental-pour-le-ghana_3863287.html

6 Etude Ademe-Arcep sur l’empreinte environnementale du numérique en France (2022)

7 Sur leur site, il est dit à propos du modèle qu'ils utilisent : "Ce modèle permet de calculer la consommation électrique engendrée par le transfert d’une quantité de données définie, en prenant en compte les consommations associées à la sollicitation : * Des centres de données où résident et transitent les données, * Des infrastructures réseaux, * Du terminal utilisé pour visualiser ou consommer les données.